
Accueil
Plan du site
|
|
Programme
2013
|
Toxicologie Toxicochimie
Fondamentale et Appliquée
en
milieu de travail et environnement
|
|
CONTACT

|
FORUM
|
Utiliser le
forum pour :
Discuter d'un problème,
des questions sur la toxicologie, sur un produit, donner votre opinion,
échanger des idées...
Nous aider
|
|
LIBRE OPINION
LIBRE OPINION CRITIQUES D'OUVRAGES
Travailler peut nuire gravement à votre santé Sous-traitance des risques, mise en danger d’autrui, atteintes à
la dignité, violences physiques et morales, cancers professionnels
Annie Thébaud-Mony
Editeur : La Découverte
ISBN : 978-2-7071-4847-6 291 pages - Parution : 02/2007Présentation par l'éditeur
Les savoirs scientifiques et médicaux permettent aujourd'hui
d'identifier de très nombreux facteurs d'altération de la santé par le
travail. Pourtant, on constate la généralisation de la mise en danger
délibérée d'autrui dans les choix d'organisation du travail, ainsi que
dans les politiques publiques les rendant légitimes. Comment expliquer
cette contradiction ?
Les choix d'organisation du travail relèvent des « décideurs » et «
managers », à qui incombe la responsabilité d'abaisser constamment les
coûts et qui sous-traitent le travail et ses risques. En bout de
cascade de la sous-traitance, les figures de l'intérimaire et de tous
les travailleurs « invisibles », en France ou ailleurs, témoignent d'un
retour à l'insécurité et à l'indignité : à des formes modernes de
servitude.
À partir de nombreux témoignages recueillis dans divers secteurs
industriels (nucléaire, sidérurgie, chimie, agroalimentaire), mais
aussi dans les services, et à partir de l'exemple phare de l'amiante,
ce livre met en lumière ce qui demeure constamment un « angle mort » de
la santé publique : les atteintes à la vie, à la santé et à la dignité
des travailleurs. Se situant en référence au code de procédure pénal,
l'auteure montre comment, au nom des règles du capitalisme néolibéral,
l'impunité des responsables est totale, qu'il s'agisse de l'homicide,
du délit de mise en danger d'autrui, des atteintes à la dignité, de la
non-assistance à personne en danger. Elle montre aussi les dérives
d'une recherche sous influence.
Un livre salutaire qui, loin d'établir un constat désespéré,
appelle à la vigilance citoyenne et à la résistance individuelle et
collective.
Annie Thébaud-Mony est sociologue, directrice de recherches à
l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm),
spécialiste des questions de santé au travail.
Elle dirige le Groupement d'intérêt scientifique sur les cancers
professionnels (GISCOP 93) à l'université Paris-XIII. Elle est par
ailleurs porte-parole de Ban Asbestos, réseau international de lutte
contre l'utilisation de l'amiante.
La société Cancérigène
Lutte-t-‘on
vraiment contre le cancer ?
Par Geneviève Barbier et Armand Farrachi
Editions de la Martinière, février 2004, Paris
D’entrée les auteurs, Geneviève Barbier
(médecin, membre du Syndicat de la médecine
générale) et Armand Farrachi (romancier et
essayiste) ont campé le décor : « La
France industrielle envoie chaque année sur le
front du Cancer près de 300 000 soldats, dont
la moitié ne revient pas « . S’il est
vrai que le nombre des cancers a doublé depuis
la seconde guerre mondiale ( 150 000 décès par
an en France), peut-on les attribuer seulement
à notre société industrielle ?
En fait tout l’ouvrage s’évertue à le prouver
avec il faut le reconnaître souvent des
arguments assez pertinents. Un exemple :
on à découvert en 2000, en France 27 000
nouveaux cas de cancer du poumon, avec une
incidence trois fois plus élevée parmi les
ouvriers que chez les cadres
supérieurs.
Même si le tabac est une cause importante du
cancer (au moins 30 % des cancers
broncho-pulmonaires) il faut remarquer que la
carte des décès par cancer du poumon met en
évidence que les fréquences les plus élevées,
se superposent exactement avec le niveau
d’industrialisation.
Ceci est en effet, plus que
troublant !
Alors qui sont les véritables responsables de
cet accroissement catastrophique des
cancers ?
En plus des habitudes sociales classiques
(tabac, alcool, alimentation déséquilibrée…)
il faut rechercher les causes de cet
accroissement des cancers ; entre autre
dans le contact avec certains produits purs ou
en mélange et ceci en particulier dans le
monde du travail. Parmi les produits chimiques
l’un des plus redoutables est certainement
l’amiante, produit minéral fibreux, amplement
utilisé dans le monde entier pour ses qualités
dans la calorification thermique.
Selon l’enquête Carex, en France dans les
années 1990-1993, 138 000 salariés étaient
exposés aux fibres d’amiante. Pour notre pays
le bilan est particulièrement
dramatique : 2000 morts par cancers
(broncho-pulmonaires et mésothéliomes) en
1996, avec une probabilité de 5000 décès/an en
2020.
Il faut malheureusement constater que dans le
domaine de la prévention, comme le font
remarquer fort justement les auteurs, la
France à pris 20 à 30 ans de retard en
particulier sur les pays anglo-saxons (Grande
Bretagne et Etats-Unis). Si ce risque
cancérogène, bien identifié depuis plusieurs
décennies, n’a pas été bien géré dans notre
pays, il est, comme le font remarquer les
auteurs, fort peu vraisemblable que la
situation soit meilleure avec les autres
cancers professionnels liés à des produits
chimiques. Toujours selon l’enquête Carex, 5
millions d’employés sont en France
potentiellement exposés aux 139 substances ou
mélanges cancérogènes répertoriés à cette
époque ( 1990-1993) par le Centre
International
de Recherches sur le Cancer à Lyon dans les
groupes 1 (cancérogènes chez l’Homme) et 2A
(cancérogènes probables chez l’Homme).
Actuellement le nombre d’agents et de groupes
d’agents cancérogènes (groupes 1 et 2A) est de
152 (septembre 2003).
En fait quels sont les produits cancérogènes
répertoriés ?
Un tableau donné en annexe de l’ouvrage les
recense et on peut en tirer quelques
chiffres :
Agents et groupes d’Agents des
groupes 1 et 2A du CIRC
(1993) |
Nombre de travailleurs exposés en
France (1990-1993) |
Aérosols d’acide sulfurique
concentré
|
375 461 |
Formaldéhyde |
307 025 |
Poussières de bois |
177 949 |
Perchloroéthylène |
140 913 |
Amiante |
138 000 |
Plomb et ses composés
inorganiques |
135 474 |
Hydrocarbures polycycliques
aromatiques (HPA) |
117 202 |
Trichloroéthylène |
111 672 |
Silice cristalline
(quartz) |
108 164 |
Benzène |
69 575 |
Composés du Chrome
hexavalent
(chromates,
dichromates…) |
67 961 |
Composés du Nickel (sulfures,
oxydes, composés
hydrosolubles…) |
46 541 |
Arsenic et composés |
25 920 |
Cadmium et composés |
22 034 |
Béryllium et composés |
11 620 |
A part l’amiante, dont l’exemple est amplement
traité, il faut regretter que pratiquement
aucune donnée ne concerne ces produits, à part
quelques mots sur les HPA et le
benzène.
Et pourtant il aurait été intéressant de
développer les relations entre les poussières
de bois et les cancers de la cavité nasale,
entre la silice cristalline et les cancers
broncho-pulmonaires (souvent précédés d’une
silicose) , etc.
L’impact de ces produits (formaldéhyde,
perchlo, trichlo, chromates…) puis des
mélanges (poussières de bois, suies,
goudrons…) semble peu traité dans cet ouvrage
et c’est dommage.
Par contre l’influence des radiations
ionisantes (rayons X, radioactivité…) ou
électromagnétiques (portables…) ainsi que les
apports
hormonaux à base de stéroïdes (pilules
contraceptives, traitements post-ménopause…)
ainsi que l’utilisation excessive des
pesticides, sont tout à fait bien pris en
considération.
Un autre point bien mis en avant dans cette
ouvrage, est celui des enjeux concernant
l’évaluation des produits chimiques en
particulier au niveau européen grâce au projet
REACH.
L’influence de groupes de pression de la
chimie pour minimiser leur implication y est
dénoncée.
Quelques exemples très pertinents montrent
comment des scientifiques engagés à dénoncer
les réels problèmes de santé publique liés aux
produits chimiques sont systématiquement
dénoncés comme de véritables «
agents perturbateurs » voire des
falsificateurs de la vérité
scientifique.
Ce fut le cas avec Henri Pézerat (CNRS) avec
l’amiante, d’André Cicolella (INRS) avec les
éthers de glycol et plus récemment avec
Jean-François Viel (Hôpital de Besançon) qui à
mis en évidence le rôle des dioxines dans
l’augmentation des lymphomes non-hodgkiniens
aux alentours d’un incinérateur.
Encore plus récemment on pourrait rajouter le
cas de Jean-François Narbonne (Université de
Bordeaux) qui vient de dénoncer les méfaits de
l’insecticide Régent sur la population des
abeilles.
Dans l’ouvrage de Geneviève Barbier et
d’Armand Farrachi, deux phrases résument bien
cet état d’esprit, propre à beaucoup de pays
industrialisés parmi lesquels la France occupe
une place tout à fait honorable !
« En France, comme dans la plupart des
pays du monde, les pouvoirs publics de droite
ou de gauche s’appliquent en général à ne pas
affoler, à dissoudre les responsabilités ou à
protéger des intérêts industriels. C’est
pourquoi toute personne, tout savant qui donne
l’alerte, doit être écarté pour ne pas nuire à
la politique, à l’économie ou à la paix
sociale ».
Ce livre, très riche en références a
quelquefois oublié la précision de sciences
comme la toxicologie définie du reste comme
« la science qui étudie le métabolisme et
l’effet des poisons » . C’est peut
être oublier un peu vite, le rôle
préventif
de cette science, tant délaissée en France, et
pour cause.
Il n’est pas question ici de relever toutes
les inexactitudes scientifiques, mais
simplement d’en extraire les plus
significatives.
Il y est affirmé que « le toluène
utilisé comme solvant est classé par le CIRC
comme cancérogène probable chez l’Homme
(groupe 2 A)».
En fait le toluène est rangé dans le groupe 3
des produits inclassables pour leur activité
cancérogène ( le toluène, peut être utilisé
pour remplacer le benzène, agent leucémiant
chez l’Homme). En ce qui concerne le benzène,
il n’a pas comme cela est décrit « avoir
un effet cancérogène chez les rongeurs après
application cutanée ». Ceci est vrai pour
le benzo(a)pyrène, un hydrocarbure
polyaromatique (HPA), constituant toxique des
goudrons. Par contre le benzène, n’est pas
réellement un cancérogène en expérimentation
animale, mais est par contre un redoutable
cancérogène chez l’Homme, où, même à faible
dose, il peut entraîner une leucémie, d’autant
plus que c’est un
toxique
cumulatif. Il ne faut pas oublier que le
benzène est un constituant constant de toutes
nos essences automobiles (autour de 1% selon
les données officielles), ce qui doit
certainement contribuer à la pollution
urbaine… et peut être à l’augmentation du
nombre de leucémies parmi les enfants des
villes polluées… ceci est une vraie
interrogation. Autre domaine d’imprécision,
celui des dioxines :
En effet la famille des dioxines ( regroupant
les dioxines proprement dites (PCDD) dont la
2,3,7,8-TCDD, mais aussi les
dibenzofuranes
chlorés (PCDF) et quelques
polychlorobiphényles de type dioxine-like) ne
renferme pas 75 congénères mais au moins 210
si on regroupe les PCDD et les PCDF. A Sévéso
(Italie, 1976) ce ne sont pas quelques grammes
de 2,3,7,8-TCDD qui ont été libérés, mais aux
alentours de 2 Kg… cela change la donne en ce
qui concerne le niveau de
contamination.
Il est dommage que ces exemples mal intégrés
retirent de la rigueur scientifique à
l’ouvrage…mais la tendance à ne pas faire
relire des chapitres traitant de la toxicité
des produits chimiques par des spécialistes de
ce domaine (chimistes, toxicochimistes…) est
une pratique courante dans notre pays, au
contraire de ce qui se passe dans les pays
anglo-saxons ou scandinaves.
Ceci n’enlève rien à l’intérêt de cet ouvrage,
car c’est peut être la première fois qu’en
France est posée si clairement la question de
savoir pourquoi dans notre pays, la lutte
contre le cancer est pour l’essentiel
concentrée sur les soins, occultant les causes
et négligeant de ce fait dans beaucoup de cas
la prévention contre ces pathologies, qui il
faut le répéter touchent beaucoup le milieu du
travail.
Lutter contre les risques toxiques surtout
ceux
à long terme serait une
stratégie
beaucoup plus profitable en milieu du travail
que de chercher à éviter de faire reconnaître
les maladies professionnelles, dont beaucoup
trop impliquent des produits
chimiques
très courants et surtout utilisés dans de
mauvaises conditions. La prévention contre les
cancers liée aux produits chimiques est un
combat
incessant qu’il faut absolument
privilégier.
En conclusion une phrase résume bien cet
ouvrage si riche en messages ; « une
mutation culturelle s’impose dans un pays (la
France) qui a privilégié le soin et marqué
trop d’indifférence à la prévention des
risques ». Tout est dit !
Paris,
mars 2004
André PICOT
|
|

Contamination des sols par les éléments traces : Les risques et leur gestions.
Rapport N°42 de l'Acamédie des Sciences
|
Certains métaux et non-métaux sont sans cesse cités
parmi les polluants dangereux des sols. Mais, de quels
éléments minéraux dénommés éléments en traces s'agit -il ?
Quels types de sols sont pollués et dans quelle région en
France ? En effet, les agriculteurs s'inquiètent de la présence
de ces éléments toxiques dans les fertilisants, les pesticides,
les boues d'épandage. Quelles garanties de sécurité
alimentaire peuvent-ils avoir et lesquelles pourront-ils donner
aux consommateurs ? D'où viennent ces éléments qui sont la
"trace" du passé géologique et des activités de l'Homme ?
Dans quels cas sont-ils des oligoéléments essentiels à
la vie, et dans quelles conditions deviennent-ils toxiques ?
Chimistes, géochimistes, biologistes, toxicologues, médecins,
épidémiologiste, professionnels de l'agriculture et de l'industrie,
hygiénistes, juristes, seront intéressés par ce rapport (N'42)
d'un groupe de travail de l'Académie des Sciences qui a été
coordonné par Paul Henri Bourrelier (Ingénieur général des
Mines et Président du club CRIN Environnement du CNRS) et
Jacques Berthelin (Directeur de Recherche, CNRS). Ce rapport
est paru en Août 1998 et il faut espérer que sa diffusion soit à
la hauteur de l'intérêt des informations qui y sont collectées.
La pollution des sols par les éléments minéraux
potentiellement toxiques, apportés par les activités humaines
est un problème mondial particulièrement aigu dans certaines
régions à forte activité industrielle (Ex-URSS, Pologne, Indes,
USA, Amérique du Sud.)
La France n'est pas un modèle dans le genre, loin s'en
faut ! Les sites pollués par les éléments minéraux
(métaux et non-métaux) sont en cours d'inventaire, mais de
nombreuses régions sont particulièrement contaminées. Ainsi
le Nord, la Picardie, les Ardennes, la région de
Villefranche-sur-Saône sont pollués par le Plomb. Les vallées
du Lot, de la Dordogne, de la Garonne (Gironde) sont polluées
par le Cadmium. Les régions de Marseille et de Salsigne le
sont par l'Arsenic.
En fait il faut distinguer 2 types de contamination:
- La contamination localisée dont l'origine est identifiée.
Il s'agit souvent de pollutions anciennes (Bassins de la
Gironde, de la Seine ... )
- La contamination diffuse, de provenance lointaine. Les
contaminants transportés (fumées d'incinérateurs, poussières
métallurgiques, rejets industriels... sont d'origine le plus souvent
mal identifiée.
Les problèmes majeurs concernent surtout les sols
agricoles par suite de l'apport de toxiques minéraux par les
fertilisants (phosphates riches en Cadmium) ou les
pesticides (Arséniate de plomb, Sulfate de cuivre ... ) mais
aussi par les fumées des incinérateurs (Plomb, Mercure,
Chrome, Nickel, Arsenic ... ). De plus il ne faut pas oublier les
boues des stations d'épuration et lçs lisiers des
élevages industriels qui ne font qu'augmenter en volume au fil
des ans.
Par ailleurs l'érosion par ruissellement et par
acidification des sols (qui entraînent une mobilisation de
l'Aluminium) est préoccupant dans certaines régions.
Neuf éléments concentrent 90 % des risques pour les
écosystèmes et la santé humaine.
Parmi ceux-ci, trois, que l'on qualifie dans le langage populaire
de métaux lourds sont de loin les plus dangereux: le Plomb,
le Mercure et le Cadmium, car se sont des éléments
uniquement toxiques. Le terme de " métaux lourds " est
jugé inadapté par les puristes, mais on peut néanmoins le
conserver à titre historique en souvenir des premiers
biochimistes qui avaient ainsi défini, le mercure, le plomb et de
cadmium comme des éléments dont les cations, de par leur
grande affinité pour le soufre, permettent d'identifier les
protéines à fonction thiol qui précipitent " lourdement " avec ces
sels! Ceci est scientifiquement correct... et à titre historique,
pourquoi ne pas conserver ce terme" incorrect" de métaux
lourds, en le limitant, bien entendu, uniquement à ces 3
éléments lourds toxiques ?
|
|
Si l'on veut respecter la notion " historique " de métaux lourds il
ne faut pas y inclure, comme le font assez légèrement certains
toxicologues ou spécialistes de l'environnement dans les métaux
lourds des éléments métalliques comme le cuivre, le zinc, le
chrome ou le nickel, ou pire des éléments mixtes comme l'arsenic
et l'antimoine, allant même jusqu'à y intégrer parfois des
non-métaux comme le sélénium ou le tellure !
Parmi les neuf éléments pris en considération dans le rapport
de l'Académie des Sciences en plus des métaux " lourds " trois
autres sont des métaux de transition qui sont des éléments
essentiels à la vie. Il s'agit du Cuivre, du Nickel et du
Chrome. Ces métaux essentiels peuvent devenir toxiques à
forte dose.
L'Arsenic est un élément mixte, entre métaux et
non-métaux, qui en France pollue de nombreux sols
(Salsigne, Alsace). C'est loin du drame que vit le Bengladesh et
l'ouest du Bengale aux Indes, dont les eaux sont polluées par
l'Arsenic, qui provient certainement de l'érosion des pyrites
arséniphères contenues dans le sol.
Quant au Sélénium, c'est un élément essentiel très
important du groupe des non-métaux qui est toxique lorsqu'il est
en grande quantité dans le sol (Chine, Nouvelle-Zélande).
Quantitativement à quoi correspond en France la pollution des
sois par des éléments, comme le Plomb et le Cadmium?
À titre d'exemple, en ce qui concerne le Plomb, les
émissions annuelles sont de l'ordre de 1900 tonnes (1991)
dont une majorité provient de l'essence car en France 50 % de
l'essence contient encore du Plomb sous forme de Plomb
tétraéthyle (0,15 g/1 en Pb). À, 2OOkm du point d'émission, la
redéposition est encore de 78 g/h/an!
Dans le cas du Cadmium, les fertilisants comme les
phosphates, dont 1 million de tonnes a été distribué en
93-94, apportent au sol 60 tonnes de Cadmium, ce qui
entraîne vers le sol un flux annuel de 10 g/ h.
Par suite des mesures prises pour diminuer l'utilisation de
l'essence avec plomb et des phosphates comme fertilisant, on
observe en France une lente diminution de la teneur des sols en
Plomb et en Cadmium.
D'autres contaminants minéraux sont aussi très préoccupants
en particulier le Mercure et l'Arsenic.
L'utilisation du Mercure est de plus en plus réglementée, mais
l'incinération des déchets et en général la combustion du Fioul
ou de charbon sont des sources importantes de pollution
de l'atmosphère mais aussi des milieux aquatiques.
Dans cette monographie tous ces problèmes de pollution des
sols par les éléments en traces sont remarquablement bien
traités. Le chimiste aura quelques regrets au niveau de la
nomenclature des dérivés de l'Arsenic (I'Arsine a pour formule
AsH3 et non CH3 ASOOH et doit maintenant se dénommer
Arsane) et aussi des dérivés du Sélénium (les Sélénides - le
terme anglo-saxon se nomenclature maintenant Sélanes
substitués) ... mais ce sont des points de détail qui ne retirent rien
à la qualité globale de l'ouvrage.
En conclusion cet ouvrage donne des informations très
intéressantes sur neuf éléments classés comme étant des
éléments en traces : Arsenic, Cadmium, Chrome, Cuivre,
Mercure, Nickel, Plomb, Sélénium et Zinc.
André Picot
LIAISON TOXICOLOGIE - CHIMIE, n°10, décembre
1999
|
|

LA FRANCE TOXIQUE
ANDRE ASCHIERI |
"La France Toxique " un excellent ouvrage au
titre dérangeant et provocateur, ce qui en politique ou en sciences n'entraîne
pas obligatoirement que des amitiés !
Mais en fait, comment quelqu'un comme André
Aschieri, fils de paysans pauvres de Provence, enseignant passionné en
mathématiques, est-il arrivé à proposer et faire accepter en juillet 1999 à
Lionel Jospin, le projet d'une Agence de Sécurité Sanitaire Environnementale
?
Pour mieux comprendre ce parcours original,
remontons légèrement le temps. Tout commence, un peu par hasard, par son
élection en 1974 comme Maire d'une adorable petite ville de Provence où il est
né Mouans-Sartoux près de Grasse, cité qu'il a certainement sauvé d'une folle
urbanisation, procédure classique sur la Côte d'azur.
Ensuite tout s'enchaîne, la dissolution de
l'Assemblée Nationale en 1997 et son élection surprise comme député. André
Aschieri va siéger comme Apparenté Verts et se verra confier un dossier qui
manifestement n'intéressait personne, "I'Environnement et la Santé". Plus d'un,
aurait immédiatement abandonné devant l'ampleur de la tâche à accomplir.
Au contraire André Aschieri s'attaque de
front avec le soutien de quelques rares parlementaires, et certainement la
réprobation silencieuse de beaucoup d'autres.
Sa proposition en 1998 de création d'une
Agence de Sécurité Sanitaire Environnementale qui serait chargée d'évaluer les
risques sanitaires liés aux facteurs environnementaux séduit le Premier
Ministre, Lionel Jospin qui lui commande un rapport sur la faisabilité d'une
telle agence.
Ni, auprès de beaucoup de ses collègues
parlementaires, ni de certaines administrations en charge de ces dossiers André
Aschieri trouvera un quelconque appui. Heureusement plusieurs scientifiques lui
accordent leur confiance et l'aident à élaborer ce rapport. |
|
L'ouvrage "La France Toxique" écrit en
collaboration avec Roger Langlet, journaliste scientifique, expose ce parcours
plein d'embûche, mais tout à fait exemplaire. Comme cela est décrit dans ce
livre, la situation de la France, dans le domaine de la Santé et de
l'Environnement est réellement affligeant.
Il est rare qu'un livre qui se veut
accessible à tous, sur un des thèmes essentiels de notre planète; la survie de
l'environnement, soit aussi près de la réalité scientifique ;
Ceci est très louable, car assez
exceptionnel, dans un domaine où la langue de bois est souvent de rigueur.
Bien des vérités dérangeantes, sont révélées dans
l'ouvrage d'André Aschieri. Il faut espérer qu'il y sera porté remède, mais
malheureusement les intérêts sont si importants, qu'on peut malgré tout en
douter.
Contre la "France Toxique", André As@hieri
interpelle les décideurs politiques - "Si nous tardons encore à créer un vrai
système de prévention des risques liés à l'environnement, nous devrons
reconnaître désormais devant les prochaines victimes, que nous sommes
« responsables et coupables »". cela n'est pas
sans rappeler un autre drame, pour lequel la France a payé le prix
fort.
LIAISON TOXICOLOGIE - CHIMIE, N°1O, décembre
1999
|
Alertes
Santé
Notre santé est menacée. Des experts lancent l'alerte, mais leur voix est
étouffée et leurs travaux sont ignorés. Les enjeux sont pourtant immenses :
comment éviter le développement annoncé de véritables épidémies non seulement de
cancer, d'asthme, de maladies auto-immunes ou neurodégénératives (Alzheimer),
mais aussi de nouvelles pathologies ?
On le sait, le caractère cancérigène de l'amiante a
été prouvé dès 1950. Pourtant, l'amiante n'a été interdit en France qu'en 1997 !
Ce scandale ne doit pas se reproduire. Il est donc essentiel d'être à
l'écoute des « lanceurs d'alerte ». Qui sont-ils ? Quels nouveaux dangers
sanitaires mettent-ils en évidence ? Comment agissent les lobbies auxquels ils
font face ?
Ce livre brosse un panorama passionnant des grandes
affaires de santé publique et des recherches en cours. Les auteurs apportent
également des réponses, avec des propositions précises de refonte de notre
système de sécurité sanitaire, afin de garantir la liberté du chercheur et
l'écoute de la société civile au service d'une vraie politique de prévention et
de précaution.
|
|
André Cicolella, est
chercheur en santé environnementale, spécialiste de l'évaluation des risques
sanitaires dans un établissement de recherche publique. Lanceur d'alerte
lui-même, il est à l'origine de la prise de conscience liée aux éthers de
glycol, produits chimiques très largement utilisés. Cette affaire s'est traduite
par la première jurisprudence de la Cour de cassation sur la protection des
lanceurs d'alerte. Président de la fondation Sciences citoyennes depuis sa
création en 2002, responsable de la Commission santé des Verts, il est également
à l'origine de la création de l'Agence française de sécurité sanitaire de
l'environnement (AFSSE) avec le député André Aschieri.
Dorothée Benoit-Browaeys, est journaliste scientifique. Elle est cofondatrice de la revue
électronique www.vivantinfo.com et de l'association VivAgora pour le débat public sur les choix scientifiques et techniques.
Aux éditions Fayard Format : 153 x 235 ISBN : 2-213-61918-2 22 €
Avec la collaboration de Marie-Laure Moinet et
Camille Saïsset, journalistes scientifiques. |
|
|